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L'amour au temps du communisme - Par Marc Fourny

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Φωτο: Inessa Armand

 

Η ερωτική ζωή των δύο μεγάλων θεμελιωτών του σοβιετικού κομμουνισμού, του "δίγαμου" Λένιν και του "καταραμένου" Στάλιν, τόσο μακριά από τη δημόσια εικόνα τους.

Ο πρώτος δεν φοβήθηκε να "νοστιμίσει" την έγγαμη ζωή του με τον ίδιο τρόπο που έκαναν οι αστοί του 19ου αιώνα.

Ο δεύτερος είχε πολλές  σχέσεις και κάθε φορά προκαλούσε δυστυχία στις ερωμένες του.


 

 

Les deux grands fondateurs du communisme soviétique, Lénine le bigame et Staline le maudit, ont mené une vie privée très éloignée de leur image publique.

Le premier n'a pas craint de pimenter sa vie conjugale à l'image de beaucoup de bourgeois du XIXe siècle. Le second a multiplié les liaisons et causé à chaque fois le malheur de ses maîtresses.

Mariage à trois

Vladimir Oulianov se marie à la va-vite, en 1897, au fin fond de la Sibérie, sur les bords de la Léna, où l'a exilé le gouvernement tsariste. Il y gagne son pseudonyme, Lénine.

Sa future femme, Nadejda Konstantinovna Kroupskaïa, surnommée Nadia, est une activiste communiste du même âge que lui.

Elle avale 8.000 kilomètres en train, plus trois jours de traîneau, pour retrouver son orateur préféré : les autorités l'ont laissé passer à la seule condition qu'elle épouse le déporté.

Celui-ci accepte le mariage et c'est là qu'ils vivront les jours les plus heureux de leur vie, même si Lénine est accaparé par l'idéal révolutionnaire. Elle le suit partout, à son retour à Moscou, en 1900, dans son exil en Suisse, où elle fonde Rabotnitsa (Femme ouvrière), un périodique féminin vite populaire qui connaîtra un succès énorme, à tel point qu'il est considéré aujourd'hui comme le Elle russophone.

Ils débarquent à Paris en 1908, où ils partagent un appartement de trois pièces rue Marie-Rose, près de la Porte d'Orléans, avec la mère de Lénine. Un bonheur petit-bourgeois, au cœur de la ville lumière.

Lénine s'encanaille si bien qu'il croise le destin de Inessa Armand, une jeune élégante de quatre ans sa cadette, militante russe, dont l'amant a été emporté par la tuberculose et qui s'est remariée depuis.

Malgré un coup de foudre réciproque, Lénine ne peut abandonner Nadia, son amour de Sibérie, atteinte qui plus est de la maladie de Basedow, une pathologie auto-immune qui affecte la tyroïde et entraîne, entre autre, des troubles comportementaux.

C'est donc un ménage à trois qui débute, Inessa s'installant non loin de l'appartement de Lénine, avec ses deux enfants. Il n'est pas rare de voir le couple Oulianov venir dîner le soir chez Inessa... Les deux femmes, intelligentes et attachées au même homme, s'entendent plutôt bien : Inessa apporte au couple révolutionnaire les enfants qu'ils n'ont pu avoir, et les militantes se répartissent les tâches pour seconder leur héros. Car ces deux femmes aident Lénine à structurer sa doctrine dans sa longue marche vers le Kremlin - elles seront ses ministres plus tard.

L'amour libre, c'est bourgeois

En revanche, sur l'amour libre, Lénine a des idées bien arrêtées... Alors que sa maîtresse s'attelle en 1915 à l'écriture d'un pamphlet sur le sujet, il intervient vivement pour lui faire revoir sa copie : «Cela n'est pas vraiment un problème prolétarien mais une revendication bourgeoise» tranche-t-il.

Même doctrine plus tard quand ces camarades souhaitent intégrer dans le programme des revendications concernant la sexualité ou la vie conjugale : «Est-ce le moment de savoir comment l'on aime et comment l'on doit être aimé ? Toutes les pensées des camarades, des femmes du peuple travailleur doivent être dirigées vers la Révolution prolétarienne.» Fin de la récréation.

Pour lui, en revanche, le triangle amoureux fonctionne au mieux, même en 1917, lors de son retour stratégique en Russie - elles seront avec lui et la trentaine de révolutionnaires dans le wagon plombé qui les ramène dans leur patrie. Après la Révolution d'octobre, Nadia est à la Pravda tandis qu'Inessa s'épuise à diriger le Soviet de Moscou.

À l'annonce de sa mort, en septembre 1920, Lénine est effondré : il est au premier rang des obsèques et l'enterre au Kremlin. Huit mois plus tard, il fait une attaque cérébrale qui le paralyse en partie. Nadia la fidèle est son chevet et fait face à Staline qui rôde comme un renard. Il a flairé l'odeur de la mort, et sait que Lénine ne l'apprécie pas. Staline et Nadia s'opposent en coulisse, parfois en public.

Elle possède la lettre-testament dans laquelle Lénine conseille d'écarter le Géorgien du pouvoir suprême, et ce dernier le sait. Lorsque Lénine meurt en 1924, Nadia soutient Kamenev et Zinoviev contre Staline. Fatale erreur : Staline n'oublie jamais rien. En 1939, pour son anniversaire, le chef du Kremlin lui fait porter un gâteau pour ses 70 ans. Elle meurt rapidement dans la soirée, prise de vomissements, sans doute empoisonnée par celui qui succéda à son époux.

Staline, l'amour et la mort

Autant Lénine accorde du respect à ses compagnes, autant Staline ne s'encombre guère de scrupules.

Plus animal, plus félin que son mentor, il a très tôt un succès fou avec les femmes, qui ne résistent guère à son regard brûlant, sa force et son culot. Ses amours sont à son image : violentes et dramatiques, presque toutes marquées du sceau de la mort. Là aussi, dans sa vie privée, le dictateur provoque la dévastation et les larmes...

C'est le cas de son premier mariage avec la jolie brune Ekaterina Svanidze. Alors gangster, le jeune Iossif Vissarionovitch Djougachvili fait le coup de feu dans le Caucase pour le compte des bolcheviks : l'argent récolté sert la cause révolutionnaire.

C'est donc dans la clandestinité qu'il épouse Ekaterina, la nuit du 15 juillet 1906 à 2 heures du matin pour échapper à la police du tsar, dans une petite église de Géorgie : c'est elle qui a voulu une cérémonie orthodoxe, et Iossif a cédé pour les yeux de sa fiancée. Le plus difficile fut de trouver un pope conciliant.

Un an plus tard, alors que le couple s'est enfui à Bakou pour éviter d'être capturé, «Kato» contracte le typhus et meurt un an seulement après ses noces. Les obsèques ont lieu dans l'église où elle s'était mariée, tandis qu'Iossif répète, effondré : «Je n'ai pas su la rendre heureuse». Il confie alors à un proche que tout sentiment chaleureux pour les autres était mort ce jour-là, car elle était la seule à pouvoir adoucir «son cœur de pierre».

Effectivement, pendant les grandes purges, sa belle-famille, qu'il connaissait parfaitement, sera arrêtée puis exécutée avec son accord. Quand à leur fils Iakov, avec lequel il ne s'entendra jamais, il survivra à une tentative de suicide, ce qui provoquera chez son père ce simple commentaire : «Il ne peut même pas tirer droit».

Staline se remet vite du décès de sa première épouse. Il multiplie les fréquentations féminines y compris lorsqu'à plusieurs reprises, il est exilé par la police du tsar, l'Okhrana.

Homme à femmes

Après la prise de pouvoir de novembre 1917, le voilà de retour de Sibérie. Il fréquente la jeune Nadia Allilouyev, cadette d'un couple d'amis bolcheviques. Il l'épouse discrètement en 1920 et s'installe avec elle au Kremlin.

La mariée a seulement 18 ans et, selon sa sœur, aurait longtemps hésité avant d'épouser Staline. Leur premier enfant, Vassili, naît cinq mois plus tard, mais cela ne suffit pas à empêcher Nadia de sombrer dans une lente dépression.

Personnel à disposition, moindre caprice exaucé, vacances sur la mer Noire, rien n'y fait : elle n'aime pas vivre dans la prison dorée du Kremlin et se plaint de ne jamais voir son époux, accaparé par le pouvoir.

Staline, au demeurant, se comporte en vrai despote dans son foyer comme à la tête du gouvernement. Il renoue très vite avec ses vieux démons, l'alcoolisme et les femmes...

En 1926, alors qu'il manœuvre pour isoler à tout prix Trotski, Nadia jette l'éponge et quitte le Kremlin avec ses deux enfants (Vassili et Svetlana, tout juste née). Harcelée par Iossif, elle rentre à Moscou et se réfugie dans la religion.

Le 8 novembre 1932, un soir de fête où elle apprend une nouvelle infidélité de Staline, elle prend un pistolet et se tire une balle en plein cœur, après avoir laissé une très dure lettre de reproches. Pour elle, le point de non retour est atteint : sa mère lui avait confié avoir été la maîtresse de Staline... un an avant sa propre naissance. Un soir de dispute, le dictateur lui aurait lancé qu'elle était «sa propre fille». Vérité ou ultime humiliation crachée à la face de sa femme ?

Six ans plus tard, Staline s'est entiché de sa belle-sœur Genia (la sœur de Nadia), dont le mari meurt subitement et opportunément d'une crise cardiaque au travail. Cultivée, brillante, racée, elle plaît au tyran qui entretient avec elle une amitié complice, mais elle se méfie et repousse ses avances. Staline se venge : en 1947, elle est déportée. Libérée après la mort du Premier secrétaire général du parti, elle est déclarée folle.

C'est finalement avec sa gouvernante que Staline finit ses jours : Valentina Istomina, une femme du peuple, simple, énergique qui partage sa vie pendant 15 ans, en silence et dans l'abnégation. Son souci de la propreté et son art du repassage remplit d'aise le maître du Kremlin, qui n'hésite pas à ouvrir ses placards pour en faire admirer le parfait agencement. Après des amours cahotiques, Staline vieillissant revivait sans doute là des souvenirs d'enfance, ceux forgés auprès d'une mère simple et pragmatique qui l'a toujours chéri plus que tout.

Marc Fourny




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